Une semaine avec Adrien parlange
Interpellée par le travail d'Adrien parlange et curieuse d’en savoir plus sur son processus créatif et ses inspirations, Irène Bonacina le contacte. Il accepte avec plaisir de se prêter au jeu des questions-réponses !
À suivre chaque jour jusqu'au 12 janvier.
Portrait
Adrien Parlange est graphiste et illustrateur pour la presse et l’édition jeunesse. Il vie et enseigne à Strasbourg.
Ses livres abordent des thèmes intemporels et universels - la peur, notre place dans le monde - et proposent une expérience de lecture originale : manipuler un transparent pour composer l’image, jouer avec un ruban, …
#1
[Irène] Peux-tu me montrer des pages d'un de tes carnets ? Quel rôle tient le carnet dans ton travail de création ?

[Adrien] Je commence chaque projet dans un carnet.
C'est là que je cherche mes idées et que je construis mes livres.
Cette double-page date du tout début de la création du Ruban, quand je me posais encore la question de lier les images par une histoire.
J'ai finalement choisi d'en faire un imagier "non-narratif", et d'articuler les images sur un principe d'opposition, quand je le pouvais.
C'est là que je cherche mes idées et que je construis mes livres.
Cette double-page date du tout début de la création du Ruban, quand je me posais encore la question de lier les images par une histoire.
J'ai finalement choisi d'en faire un imagier "non-narratif", et d'articuler les images sur un principe d'opposition, quand je le pouvais.
#3
[Irène] J'en reviens aux carnets, aux coulisses... Dans tes carnets tu notes tes idées mais tu élabores aussi tes futures images. Peux-tu nous montrer en vis-à-vis une esquisse et une illustration finale ?
[Adrien] La 1ère illustration est extraite de la Chambre du lion, la seconde du Ruban.

#5
[Irène] Parmi toutes les choses qui t'inspirent, peux-tu nous en citer une ?

[Adrien] J'aime beaucoup les décors de théâtre et les dioramas de musée zoologique, parce que j'y vois une façon de composer un monde dans un espace restreint, comme on compose une illustration dans le format d'une page.
Il n'y a pas de hasard, chaque élément raconte quelque chose, contribue à créer un semblant de vie, à "faire croire".
Les illustrations du Grand serpent ont été composées comme des dioramas que seul le serpent traverse.
On peut voir des branches d'arbres se plier contre le cadre des images.

Il n'y a pas de hasard, chaque élément raconte quelque chose, contribue à créer un semblant de vie, à "faire croire".
Les illustrations du Grand serpent ont été composées comme des dioramas que seul le serpent traverse.
On peut voir des branches d'arbres se plier contre le cadre des images.
Le ruban
Feuilletez en compagnie d'Adrien Parlange son ouvrage Le ruban
#2
[Irène] Je serais curieuse de voir l'environnement dans lequel tu travailles. Peux-tu nous montrer ton atelier ?
[Adrien] Il y a très peu de choses dans mon atelier.
Je n'ai pas besoin de beaucoup de matériel et je ne mets pas d'image au mur.
J'ai l'impression de mieux travailler dans un environnement neutre.
#4
[Irène] Il y a les images qui aboutissent et celles qu'on abandonne pour diverses raisons.
Est-ce que tu as dans tes cartons une image abandonnée en cours de route, que tu as mise de côté ?
Et peux-tu nous dire en quelques mots pourquoi... ?

[Adrien] Pendant un moment, j'ai pensé mettre une ampoule dans mon livre Le Ruban.
Je l'aurais appelée "une illumination", ou "une idée", et je l'aurais sans doute gardée si elle avait bien fonctionné avec une autre image.
Je voulais trouver un maximum de paires, d'associations, pour donner plus de sens à cette succession d'images, pour que la lecture soit plus riche.
Mais l'ampoule est restée seule, et comme l'idée en elle-même n'était pas très intéressante, je l'ai enlevée du livre.
#6
[Irène] Te rappelles-tu d'un livre qui t'a marqué enfant ?

[Adrien] Une histoire sombre... très sombre de Ruth Brown.
Le récit est construit d'une manière particulière, puisqu'il nous fait avancer lentement dans un décor angoissant sans jamais nous dire où il nous mène.
La tension monte au fil des pages.
À la fin, la découverte de la souris dans son lit contraste parfaitement avec le reste du livre.
Enfant, je crois que la voir si terrifiée me libérait de ma propre peur.
[Adrien] Une histoire sombre... très sombre de Ruth Brown.
Le récit est construit d'une manière particulière, puisqu'il nous fait avancer lentement dans un décor angoissant sans jamais nous dire où il nous mène.
La tension monte au fil des pages.
À la fin, la découverte de la souris dans son lit contraste parfaitement avec le reste du livre.
Enfant, je crois que la voir si terrifiée me libérait de ma propre peur.
#7
[Irène] C'est déjà le dernier post... Est-ce qu'on peut se quitter sur une image de ton prochain livre ?
[Adrien] Je viens de terminer un livre qui s'appelle Les désastreuses conséquences de la chute d'une goutte de pluie, et qui est un peu, selon moi, le contre-pied du Grand serpent.
Il a un format vertical, l'histoire ne dure que quelques secondes et la chute est cruelle.
La goutte de pluie au centre du livre est aussi innocente que l'était le serpent, mais son influence sur ce qui l'entoure est à l'opposé.
C'est la première fois que je fais un livre qui se finit mal.
Je vous laisse avec la première illustration du livre, qui représente une scène paisible, au pied d'un cerisier.

Il a un format vertical, l'histoire ne dure que quelques secondes et la chute est cruelle.
La goutte de pluie au centre du livre est aussi innocente que l'était le serpent, mais son influence sur ce qui l'entoure est à l'opposé.
C'est la première fois que je fais un livre qui se finit mal.
Je vous laisse avec la première illustration du livre, qui représente une scène paisible, au pied d'un cerisier.